jeudi 28 février 2008

Je suis bien urbain

Cher Ray Zo,

Dictateur poète, un métier sans avenir ?

Je verrai bien Paris interdite de circulation aux véhicules trop rapides. Parkings et douanes à toutes les portes.
Les grands axes recouverts de jardins, de potagers et d'arbres fruitiers, les petites rues réservées aux vélos et aux chevaux.
Du tramway et du métro partout, et même des télésièges, tiens.
Imagine le paysage.
Imagine les gens pressés obligés de s'installer dans une capitale factice, toute en buildings, réservée pour leurs activités super importantes avec des affiches publicitaires pour égayer.
Imagine all the peo...gl.

Pouvez-vous vous passer de bagnole en ville ?
Ouais.

De sommes de pognon pleines de zéro sur sur votre bulletin de salaire ?
Ouais.

De reconnaissance professionnelle ?
Sans problème.

Vous avez rien contre mettre les mains dans la terre pour s'occuper des jardins communaux.
Ben s'il faut...

Vous pouvez vous passer d'enseignes de grande distribution, et faire vos achats chez des petits commerçants ou sur Internet ?
Aga.

Vous aimez jouer au paintball sur des joggers du dimanche ?
Ahooouuuu.

Boudiou que j'aimerai. Ca me fait penser à l'utopie des bolo-bolo.
J'ai en tête des images complètement naïves, avec des fenêtres allumées et chaleureuses, un ciel marine étoilé�… Mais pas dans le Lubeyron, nan, en plein Paname, Paris-les-Chaumières.


C'est curieux, parce qu'en petit bourgeois bien haussmannisé, j'apprécie beaucoup les paysages industriels… Les néons, le matériel fonctionnel, les friches, les autoroutes avec stations essence. Sûrement que j'adorerai moi si j'avais beaucoup vécu dedans.

Quoi que… Quand j'étais petit, à Pau, j'habitais un immeuble bien haut, bien moderne. J'avais 6 ans environ, j'appelai le truc "mon H.L.M", à cause de la chanson de Renaud, évidemment. Ma notion des réalités sociales doit pas avoir tellement évolué, mais au moins j'en ai un peu conscience.
Bref.

Oui, les paysages déshumanisés lumières éparses pas beau bétonnés, je romantise bien. Au-delà de l'aspect SF décadente, ce qui me touche, dans ces paysages, c'est que ce sont des chaos morts. Des ruines déjà mal déchiffrables.
On a beau y faire circuler des camions bourrés à craquer, bosser des pauvres gens et des cadres chiants, fabriquer des tas de matos concurrentiels… ben finalement, c'est dans ces lieux que je sens le plus la fragilité du machin, l'absence de capacité à demeurer physiquement dans le temps. Des lieux faits pour la dégradation, l'incomplétude. Un peu comme un virus, qui s'adapte à tout, mais finalement, a toute chance d'être éliminé par le corps hôte.
Ce qui est bien dans ses paysages, c'est qu'au creux de leur rigidité métallique, se cache et serpente déjà les vignes vierges et ceux qui déborderont des ruines.


(end credits, musique de Moroder)

mercredi 27 février 2008

Twist again

Cher Ray Zo,

Voilà, hier j'ai mis fin au blog précédent. Mon pseudo actuel me satisfait médiocrement, j'attends une illumination pour en trouver un autre un peu plus formidablement pertinent.

Comme tu le sais donc (si jamais tu prends l'histoire en marche, tu me laisses un mot, je te file l'adresse de l'ancien site), ma petite vie a pas mal bougé ces dernières années.
Moi un peu aussi, sûrement. J'ai pas la distance pour en être certain.
Globalement, je crois avoir remplacé un certain jem'enfoutisme idéaliste par une certaine morosité pragmatique.
Je n'ai plus de sortie en vue.
J'ai eu une cascade de "petites idées de boîtes marrantes". J'en ai souvent, des comme ça. Que je vois généralement se réaliser deux ans après par d'autres gens.

Tiens, par exemple, j'avais pensé à un site de troc spécialisé sur certains produits. Ben je viens de voir presque le même concept fonctionner. M'égnerve un peu, tu vois.

Pas les épaules ou la confiance ou l'endurance ou la méthode.

Je me ferai la même impression à chercher des partenaires sérieux et responsables pour mes idées que celles que je me fais quand je cherche un job : un peu comme si j'étais un gamin qui demandait "papa, pourquoi tu achètes pas la super voiture avec les portes qui se lèvent en l'air ? – Elle est trop chère pour moi, fiston – Mais je peux travailler avec toi si tu veux, on économiserait ?". Ou alors un clown qui entre chez son banquier avec des blagues à raconter pour qu'on lui fasse crédit...

Ma capacité de travail n'a pas augmenté. J'ai toujours la trouille que la moindre prise de responsabilité de ma part, suivie, comme si souvent, d'un plus ou moins petit plantage, ne révèle l'énorme supercherie. Hé-hem, bah oui, voilà, j'étais juste déguisé en adulte, vous m'avez embauché et je fais tout foirer.
Alors que comme je le répète souvent, pour moi, c'est l'air grave du monde professionnel qui me semble une supercherie. La compétence, celle qui fait qu'on échange des biens et des services en confiance (lorsqu'on pratique une économie qui fonctionne, quoi)(c'est-à-dire pas la notre, évidemment) me semble se confondre avec un mélange de neutralité comportementale et de rapidité d'exécution de tâches "dépersonnalisées". Ceci étant le versant concret d'une vision purement financière de la richesse…

Mais même selon mes propres critères, je ne pense pas être compétent.
Du point de vue littéraire, j'ai perdu mon acuité depuis beau temps.
Du point de vue culturel, je n'ai qu'un bagage lâche, d'où émanerait une odeur de chambre d'ado sale et sage.
Quand à ma réactivité globale… je me sens endormi, réduit au robotisme . Je suis même pas capable de présence pour Machouanne, alors qu'un peu de celle-ci lui ferait pas de mal...

Ce que je me sens de mieux, c'est un peu d'équilibre. En grande partie induit chimiquement mais aussi quand même, par aguerrissement : j'ai pris conscience que je ne reculais pas au-delà de certaines limites, que ce qui m'effraie parfois sur le moment ne me fait pas peur dans le fond. En termes d'arts martiaux, je sais tenir ma garde, mais pour porter les coups, et je parle même pas de toucher, c'est encore bien brouillon.
Ca fait pas une carrière, ce pas en avant personnel. Ca ne donne pas une vision de ce que je pourrai faire.

J'ai un plan, oui. Une continuation de ma prise en main par petites étapes. Laisser un pied dans l'eau, patiemment, jusqu'à ce qu'elle soit bonne.
En ce moment, je n'y crois pas assez pour reprendre ce petit gros bonhomme de chemin.

J'ai même l'esprit un peu confus. J'ai toujours dit qu'une des rares excuses de l'amour-en-couple, c'est son côté pratique. On ne se prend pas la tête, on sait toujours où, quand, avec qui ça se passe, et à moyen terme, comment. On s'y est engagé, on l'a décidé. Après le principe de réalité se la joue panzer-suprise, mais globalement, on souhaitait savoir à quoi s'en tenir.
A cet avantage de la fidélité correspond un défaut du polyzamour. Pour que ça se passe bien, il faut être capable de tirer de soi la stabilité qu'on trouve dans le rapport amoureux classique. Le polyzamour ne sauve pas des routines. Néanmoins l'espace de liberté qu'il laisse à ses pratiquants demande un bon sens de l'orientation.
Alors, sur le plan affectif, ça se passe bien dans mes deux vies actuelles. Je m'y retrouve, justement.
C'est sur le plan personnel, que cela ne me change pas d'avec une relation classique. Le cadre est plus ouvert, mais au quotidien, je finis par l'oublier. Par oublier aussi de cultiver mon temps libre, de me recentrer comme j'en ai souvent besoin. Je me laisse porter par ces rapports, je perds aussi vite que les autres gens ma capacité d'innover pour moi, de rafraîchir les autres. Je n'arrive pas encore à déprogrammer cette part de moi-même…

Je suis confiant, ça viendra.

samedi 16 février 2008

Reprise et détournement

"La vie de celui qui est prédisposé aux chutes en cascade, à l'effondrement de sa psychè, devient un parcours jalonné de photophores, de bornes à ne pas franchir : non seulement l'aura, mais aussi les pré-auras, comme autant d'étapes sur le chemin de croix. Par pré-auras, j'entends tous les signes annonciateurs qui marquent le passage d'un stade à l'autre, toujours pire que le précédent : aura de l'angoisse (on peut la deviner plusieurs jours à l'avance), aura de la dépression, aura de l'effondrement, etc.

[...]

Une existence d'épuisement et de combat quotidien, plutôt éloignée de la mollesse et du fatalisme supposés que les braves gens aiment tant coller sur le dos de ceux qui s'évertuent à survivre, déployant une somme d'efforts dont seraient bien incapables les moralistes confortablement installés dans leur absence de douleurs."

Memapa

vendredi 8 février 2008

Daily shocking

"Le premier devoir de l'Etat, c'est d'assurer la sécurité" et "le premier droit des citoyens, c'est le droit de vivre tranquillement". Sarkozy, lors du dévoilement du "plan banlieue" de son... du gouvernement Fillon.

Back to basics, hu ?

Bon, il n'est dit nulle part que ça se passe dans Etat de droit démocrate, en même temps.