mardi 11 mars 2008

Bons sauvages

Cher Ray Zo,

En lecture
Chronique des jours à venir
, Ronald Wright.

Un post-apo dont le héros serait un anthropologue voyageur dans le temps. Tout un côté écolo dans le roman, plutôt loin de la rudesse Madmaxienne.
L'anthropologue justifie un côté savant dans l'aventure : narrateur très littéraire, universitaire.
Ca plus l'éditeur (Acte sud) me laissent l'impression d'une SF pour bobos. Une SF acceptable parce que savante, et traitant d'un avenir effectivement imaginé par le lectorat mainstream, où nature aurait repris ses droits à coups de catastrophes.

Je ne sais pas s'il faudrait se réjouir de l'apparition d'une SF pour bobo.
Il s'agit de transfiction. Je veux dire par là l'ensemble des romans utilisant la SF ou le fantastique comme moyen de dépasser les limites d'autres genres littéraires.

HS : On pourrait parler d'une transfiction bobo, et même d'une SF bobo, des récits qui multiplie les rapports avec des genres plus reconnus et s'adressant, au départ, à un public ne lisant pas particulièrement de SF. Il s'agirait même d'éloigner ces fictions du genre SF et de son lectorat en évitant de mettre ces livres dans le rayon des littératures de l'imaginaire. (Ruffin, L'actuel Redchef du Nouvel Obs en avait écrit un, je crois, roman d'anticipation très remarqué par la critique mainstream…).

Je trouve le roman bon. D'abord parce qu'utiliser un anthropologue comme personnage principal offre l'occasion de considérer notre présent comme un passé historique. Là où des auteurs issus du genre auraient été plus insistants dans le message, et plus attentifs à donner une dose contractuelle de rebondissements, R Wright utilise la forme d'une chronique d'exploration exotique pour esquiver l'aspect rébarbatif d'une prophétie de fin du monde écologiquement programmée.

Il joue sur le sentiment de mélancolie et de désabusement de l'universitaire et met en parallèle la déchéance d'un monde et celle de la culture classique. Le personnage était déjà "dépassé" dans le monde présent, il part à la poursuite d'une chimère d'aventure plus littéraire (l'utilisatrice de la machine n'est pas apparue avec son engin) que prometteuse d'action.

En lecture : La sensibilité individualiste, de Georges Palante.

Une de ces lectures réconfortantes, et confortantes tiens, qui me font penser "ouf, je ne suis pas fou". Ca parle de retrait, de méfiance envers la société, de mépris pour les groupes, de Stendhal et de Constant, de fierté de ne pas être assez insincère pour parvenir, d'un paradoxe résolu entre l'unicité et la spontanéité, du silence qu'on oppose à la société après un froissement intérieur…

Je me régale.




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