mardi 6 mai 2008

J'alternoie.

Drift-raff :


Concept : "La sous-consommation ostentatoire". Pensé par Baudrillard. Une certaine tempérance dans la consommation, par le choix et la conscience.

Ce qui est amusant, c'est qu'en soit c'est une consommation, et de plus un luxe, réservé à une élite riche et/ou lettrée, informée en tout cas. Et cette posture valide sans le savoir le capitalisme !

Ca confirme une de mes intuitions : ne pas profiter de l'abondance n'est pas une prise de distance avec le capitalisme, mais une façon d'être dedans. Une confusion entre le système qui produit et le résultat des techniques dont se sert le système.


On ne peut pas enrayer la surproduction par le refus de consommer : la surproduction demeure. Ce qui ne signifie pas qu'on a pas la possibilité de faire des choix à hauteur individuelle. Mais concrètement, ils n'ont pas d'impact quand on ne maîtrise pas l'outil de production (aux d'Illitch). Le seul moyen de calmer le capitalisme, c'est de créer ou promouvoir des alternatives plus efficaces que lui. Des outils de production, et une distribution qui n'appauvrit pas…

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Je me souviens d'une amante qui ne comprenait pas du tout mon projet polyzamoureux.

Lorsque je lui disais qu'une vision moins fusionnelle de l'amour pouvait venir avec l'âge, elle récusait avec énergie cette idée. On pouvait apprendre, mais ce qu'on attendait de l'amour demeurait.

L'amour avec un grand A, majuscule et enluminé.


Bien que j'apprécierais, je ne pense pas que les gens vieilliront tous polyzamoureux. Il y aura des convertis, mais ce n'est pas exponentiel, ni automatique.

Ce qu'il peut en revanche évoluer, contrairement à ce que pensait l'amante en question, c'est la perception de l'amour. Je ne parle pas de l'amour au sens quotidien, la vie de couple pour être plus précis : un couple qui vieillit peut évoluer mais généralement son modèle de départ ne change pas radicalement. Ce qu'on voit en lui au départ ne change pas. Je pense à ce qu'on pense de l'amour après avoir vécu des amours. (On chemine vers la lapalissade).


L'autonomie des femmes, l'allongement de la vie, le divorce et le report de l'établissement en couple permettent la multiplication des partenaires au cours des années. Plus de gens avec plus d'expérience, plus de partenaires possibles pour plus de monde… Les connaissances sont pls nombreuses et plus faciles d'accès. Plus d'expérience possible, et plus de diversité des expériences : même si les couples durables naissent d'un même milieu, les histoires interclasses rencontrent moins d'obstacles matériels (internet notamment présente de plus en plus d'espaces déclassés) ou moraux. Disons qu'il est plus facile aujourd'hui d'éprouver ses préjugés…


Et, de rencontre en rencontre, on a évolué, on peut attendre autre chose, ou savoir mieux exprimer ses attentes, et quelles qualités individuelles permettent de les satisfaire. Bien sûr, il y a des gens qui mûrissent peu ou pas, et il y a encore plus de raisons que ce soit vrai en amour qu'ailleurs. Beaucoup attendent la sécurité par le couple ; ce besoin étant plutôt régressif, il est aisé de toujours rechercher dans une relation l'idéal d'équilibre qu'on ne trouve pas par soi-même. Et si l'apprentissage dont je parle joue dans cette quête du complémentaire parfait, il peut se résumer à essayer ses sentiments avec des gens différents, sans affiner sa démarche...


De même, il est tout à fait possible que l'accumulation de rencontres se fasse longtemps sans remise en cause personnelle. Je pense à ceux pour qui le célibat n'est pas un recentrage mais une attente consciente ou non de la prochaine expérience de couple. A vrai dire, il doit être difficile de mûrir sans avoir connu le célibat ne serait-ce qu'un an ou deux d'affilée. Le temps de se voir changer, de repasser quelques étapes en se voyant soi-même célibataire, différent de celui qu'on était en convalescence de rupture ou en couple (en attente de couple..).


L'élargissement de l'éventail des rencontres possibles ne rend donc pas systématique l'apprentissage amoureux, il le favorise seulement.

Et on peut refuser d'apprendre.

C'est une posture avec laquelle je suis vraiment en conflit. Une vision de l'amour universel et inchangeable, phénomène naturel comme la pluie ou le beau temps, sur lequel nous n'aurions ni pouvoir ni responsabilité.


Est-ce que le polyzamour est plus responsable ?

Non, dans le sens où les polyzamoureux ne sont pas meilleurs que les autres ni moins soumis aux émotions. C'est de la vie émotionnelle, et même en faisant des efforts pour la sortir d'un flou cache-paradoxe déresponsabilisant, on ne décide pas d'elle, on décide à cause d'elle.

Mais si quand même, parce que le polyzamour postule la variabilité des désirs de l'individu, et propose en conséquence un pacte, un accord explicite sur la prise de responsabilité dans une relation : je sais ce qui peux m'arriver, ce qui peut t'arriver, et un changement chez l'un de nous ne constitue pas une trahison du nous… On prend sur soi les changements de l'autre, et on s'engage (sisi) à demeurer capable de répondre à ses besoins.


Et de remettre à plat si nécessaire… C'est pas seulement "ben comme dans un couple normal, ça va mieux quand on parle". Le polyzamour rejette un certain modèle amoureux, celui du couple fidèle et trognon jusqu'à ce que la mort le sépare. Même si tous les couples ne se donnent pas ce modèle comme objectif, celui-ci reste une référence, par pression sociale ou absence de questionnement. C'est ce qu'il faudrait faire, ce qu'on pourrait faire si tout était au mieux, et si on y arrive pas, on tend vers ça. Une remise à plat polyzamoureuse est nécessairement différente, puisqu'elle peut impliquer que la relation demeure tout en s'éloignant de beaucoup de cette idéal. On peut vouloir arriver à une amitié sans être arrivé à l'âge du dentier, et que cette amitié comporte encore un caractère amoureux. S'engager dans le polyzamour, c'est une prise de risque différente, mais forte, on admet d'emblée que l'éloignement n'engendre pas le renoncement. Il faut beaucoup de confiance en soit et en l'autre pour admettre ces changements.


Tiens, en passant, ça différencie le polyzamour du libertinage. Le libertinage ouvre des relations sans nécessairement s'annoncer comme libertinage, parce que ça fait partie du jeu de séduction. Mais on peut commencer par être libertin, tomber amoureux, et s'accorder au polyzamour pour pouvoir demeurer libertin au su de l'autre (à priori en passant sur les détails, petits pervers).



Je lis (dans le mag Philosophie, très bien pour mes besoins) l'intervention d'une neurologue. Elle semble dire que l'amour est une sorte de shoot hormonal, et que le désamour arrive tôt. Le reste serait une construction culturelle, c'est-à-dire variable selon les lieux et les époques.

Une remarque intéressante sur les défauts : pendant l'amour, il ne sont pas perçus comme néagatifs, après ils deviennent gênants. Le cerveau sort donc d'une illusion avec le désamour, mais n'accepte pas d'avoir fait erreur. Alors on pense que l'autre nous a trompé, ou qu'on s'est trompé de personne… Alors que c'est l'idée d'un amour unique qui est fallacieuse, puisqu'on peut avoir le shoot avec quelqu'un dont les défauts nous gêneraient autrement.

1 commentaire:

Misfit a dit…
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