vendredi 6 juin 2008

Il va falloir tenir parole

30/05/08


Cher Ray Zo,




Journal :


J'ai dis à plusieurs personnes que je n'irai plus bosser dès lundi, mettant ainsi en route mon licenciement pour abandon de poste. Maintenant reste plus qu'à appliquer.

Ma situation n'est pas intenable au point que je fuie à tout prix mon lieu de travail.

Mais mon employeur laisse pourrir la situation, et plus d'un mois après m'avoir convoqué ne me donne toujours pas de date de fin de contrat officielle. Un jour on te dit que t'es trop naze pour faire un boulot, mais on te garde quand même jusqu'à ce qu'on trouve un remplaçant. Et on prend son temps pour le trouver, il y avait urgence à me faire remarquer mes moindres retards de 5 minutes, mais faire efficace pour autre chose que le client, houlaaa.


J'ai attendu un mois, pour rester "à mon sens" honnête, mais j'ai pas plus envie que ça d'être conciliant avec une boîte qui ne me respecte pas. Qui il y a encore une semaine me demandais de faire des remplacements de dernière minute, sur des horaires plus gros que les miens. J'ai fait mes preuves en matière de souplesse, là.


Mais c'est pas si facile de camper sur ces positions. Quand on est pas une main d'œuvre qualifiée / vendable, on a presque l'impression de faire quelque chose d'illégal en partant comme ça. Et puis il y a effectivement un usage coercitif de la rétribution : si on se barre, on sait qu'on aura un temps de carence sans salaire ni chômage. C'est d'ailleurs pour ça que je choisi de partir à peine ma paie tombée.


Il faut avouer que, dès le départ, un contrat de salaire n'est pas équitable précisément pour cette raison. On est payé après avoir accompli le travail, donc on fait crédit à l'entreprise, puisqu'on lui apporte une valeur pendant un mois sans contrepartie immédiate.

C'est logique pour des travaux ou des échanges ponctuels, on montre d'abord la valeur de ce qu'on donne et on est rétribué ensuite. Mais sur une activité continue, de long terme ? Pourquoi l'employeur peut-il bénéficier chaque jour de sa part de richesse quand l'employé attend la fin du mois ?
Il y a bien sûr des raisons pratiques, comptables. D'accord. Mais ce fonctionnement reste moralement déséquilibré. Et il l'est encore plus quand le contrat est rompu, puisqu'au moment où on arrête de travailler, l'entreprise nous doit encore le temps passé depuis la dernière paie. On a déjà donné sa part de l'échange, mais l'employeur n'est pas plus contraint que d'habitude de remplir sa propre part. Il est donc à ce moment dans une position de force injustifiée. Position qu'il utilise comme menace implicite : "si tu te barres, tu vas en baver double : plus de garantie pour ton avenir proche, mais pas non plus pour ton présent, parce que le fric je te l'envoie à mon rythme, et c'est pas moi qui vais avoir l'air con avec ma carte bleue refusée". C'est ça que j'entends par "usage coercitif de la rétribution".


L'autre difficulté de la situation est le regard extérieur : mon entourage raisonnable peut ne pas comprendre que je choisisse de partir quand je pourrais rester encore quelques temps et gagner quelques sous en plus.


Une fois encore, je vais profiter de mon petit privilège de "toit sur la tête" et d'assurance survie, pour faire si nécessaire la soudure entre la paie et les assedics. Je trouve que ça se justifie, même si une part de moi se sent mal, énonçant ataviquement "tu fais une connerie".



Tu peux toujours dire que je suis un rêveur. Mais je ne suis pas le seul.


Aucun commentaire: