vendredi 6 juin 2008

La Raison dans le coltard

26/05/08


Cher Ray Zo,



Journal :


Allez, du courage, c'est la dernière semaine, me dis-je, constatant que mes yeux se ferment tout seuls. Pas par ma fatigue de déconfit d'entreprise, mais parce que j'ai manqué ma nuit. Panne de Stilnox. Tentative avortée de compenser avec un grand lait-sirop de canne-vodka. He ben j'aime ça, ça m'a certainement enivré, mais pas endormi. Juste quelques suées bien huileuses. Les comprimés d'Euphytose combinés m'ont tranquillisé, et si c'est du placebo tant mieux, mais pas plus plongé dans le sommeil. Et chez moi, quatre heures de sommeil, c'est loin du compte.

Penser à me racheter des liqueurs, du porto, pour moi ça marche bien comme somnoliphère.

Penser à essayer d'ajouter le pisse-mémé que j'ai acheté pour k-puchett, en cas de nouvelle panne.


Toujours est-il que là, je rame. Il doit y avoir une épaisseur de la peau qui doit ne servir qu'à transmettre l'état de fatigue. Actuellement, j'y éprouve une sensation de fièvre, de chiffonnement et de sensibilité. Pas la gueule de bois, d'abord parce que je n'ai pas assez bu, et puis j'ai aucun malaise réel. Ce qui est une bonne nouvelle.

J'envie les gens à qui l'état de fatigue apporte systématiquement une motivation/satisfaction narcissique, lutter contre la difficulté, les héros du quotidien. Pour moi ça marche rarement.


Drift-raff :


Si la terre était plate, les américains ne seraient pas là pour nous parler de créationnisme.

En fait, comme toujours lorsque la religion se met à essayer de parler le langage de la raison, il y a le moment rigolo où la Foi et le bon sens se contredisent.


On peut admettre par tolérance ou comme ici par jeu que la théorie de l'évolution est une théorie valide, et que quelque chose (Dieu, mais comme la théorie créationniste se la joue neutre et pas téléguidée par l'Ancien Testament, elle admet que ça pourrait être aussi le Grand Cthulhu ou le Plat de Spaghetti Intelligent Intergalactique) serait intervenu pour que notre monde ne soit pas un tas de cailloux, et pour que l'homme soit fabriqué tel quel, sans ancêtre moins sapiens que lui. Une fois ce petit exercice mental effectué - c'est pas facile quand on a été endoctriné dès l'enfance dans l'idée de l'évolution des espèce et de la pertinence de l'archéologie - enchaînons.


La Terre et ronde et tourne autour du Soleil. Que je sache, ceci n'est pas remis en cause par le créationnisme. D'ailleurs si la planète était plate, les marins n'auraient pas pu situer le nouveau continent sur la carte. Ils auraient fini par tomber dans le vide avant d'avoir pu annoncer aux empires européens qu'il y avait de la place, à l'Ouest, jeune homme. On arrive finalement à admettre que l'immense (et peut-être infini, dis) Univers existe aussi.


Pourquoi avoir laissé en friche tant de galaxies pour ne finalement s'occuper que de notre petit caillou ? Une hypothèse scientifique ne tient que si on peut lui donner du grain à moudre, pas si elle décrit juste une exception aux autres lois scientifiques. Quel intérêt que l'homme soit le produit d'un projet divin (ou d'un autre intelligent design) si il est prouvé par ailleurs qu'il est loin d'en être le centre, physiquement ou métaphysiquement ? C'est-à-dire que ça lui fait un créateur pas très ambitieux, non ?


J'ai rien contre l'idée d'un grand horloger, "un truc par delà le machin" qui aurait établi quelques lois physiques et puis laissé faire, parce que pour lui l'univers serait une fonction naturelle. Sans que ça ait de conséquences tordues en matière de prédestination ou de sens. Mais dès que ça remonte à des décisions "volontaires" du créateur, des décisions qu'on puisse raconter, qui impliqueraient une personne divine, on ne peut que chercher à comprendre.


En lecture :

Perdido Street Station 2 de China Miéville. Roman mélange : de la SF steampunk (et pour une fois bien plus punk que steam, l'auteur adore le crapoteux) et de la fantasy (plein de races humanoïdes, de la magie ajoutée à la science). Et je m'aperçois qu'il y a probablement une lecture mythique. Il y a des gorgones, mais aussi beaucoup de chimères (le commanditaire de la peinture, dont les cornes et le sabot peuvent rappeler le minotaure), un oiseau-homme (Icare inversé), une cité labyrinthique… Des mythèmes à profusion, voilà.
Et comme dans tout récit d'imaginaire ambitieux, tout n'est pas expliqué, il y a de la place pour rêver.



Tu peux toujours dire que je suis un rêveur. Mais je ne suis pas le seul.

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