mardi 14 octobre 2008

Lu nulle part

T'aurais pas lu un article récent liant vaguement crise financière et écologique ?

Parce que moi, non, et pourtant, je suis quand même un peu...

La crise financière démontre l'absurdité du système dans lequel elle intervient : de 'enrichissement sur les chances futures de richesse.

La crise écologique elle aussi découle d'une absurdité logique : la production de richesses ne peut se faire à l'infini, puisque la matière première, c-a-d la Terre, est un produit fini. Même en comptant ses habitants, forêts, animaux.

Dans les deux cas, le problème est qu'une communauté de décideurs se représentent le monde sous la forme d'un mélange de roulette et de excel.

Une idée, ce serait d'avoir une assemblée, un pool, un mégalojury de citoyens, de non-spécialistes, dont le rôle serait de définir, problème par problème, ce qui est pragmatique, terre à terre, ou ce qui sort de l'usage simple de la raison. A tant de % de "je n'ai pas du tout compris pourquoi telle partie de la société fonctionne comme ça", une raisonnabilisation du problème serait demandée. Le mégalojury n'étant pas compétent pour définir cette politique, simplement pour définir le moment où elle perd toute logique.

En fait, ce serait mettre du Illitch dans la perception du monde. Si suels quelques spécialistes peuvent accéder à tel savoir ou telle technique, alors elle ne peut logiquement pas servir tout le monde, elle doit donc être perfectionnée.

lundi 13 octobre 2008

Je suis un mégalo sans ambitions

Pour découvrir cela, je suis allé voir un bobolatête. Pris au hasard dans l’annuaire de l’assurance maladie.
Après que je lui aie résumé
1) mon manque de motivations
2) mon manque de concentration
3) ma misère libidinale
il m’a dit qu’il préférait ne pas travailler avec moi. Parce que cela entretiendrait ma dépendance, et que le seul qui pouvait trouver comment aller mieux, c’était moi.

C’est désappointant de se faire refuser l’assistance d’un médecin compétent, et de recevoir de lui le même conseil que celui professé, depuis ta puberté, par tes potes, tes profs, tes supérieurs hiérarchiques et occasionnellement les journaux féminins. Heureusement que ce médecin à 90 € de l’heure m’a fait un prix, et surtout, a poussé son diagnostic plus loin. Jusqu’un point intéressant, si ce n’est inédit.

Un de mes problèmes récurrents a toujours été ma tendance à la rêverie. Je suis dans la lune. Le monde réel m’emmerde, il manque de finesses, d’harmonie, de bien-être. Mon refuge sélénite est devenu ma résidence principale, et en sortir pour me confronter aux loyers et à la bêtise de la société libérale « non Siesta-centrée » s’avère de plus en plus douloureux. C’est une rêverie mégalomane, où tous et toutes, oh oui toutes m’aimeraient, m’admireraient. Je n’ai pas construit un monde précis, avec sa logique interne : c’est juste « ah, si tout se passait au mieux ». Et je vis la moitié du temps dans cette hypothèse de bien être : quand je rêve, au travail, en société, chez moi, je n’ai pas les yeux dans le vide, je me vois superbe dans ce miroir chimérique.
Je ne suis pas un grand écrivain, un acteur culturel central et apprécié, un play-boy, un leader politique. Je ne le serai jamais. En avoir conscience n’a pas bridé mon imaginaire. Pourquoi l’aurait-il fait ? J’étais bien sur ma lune, je ne faisais de mal à personne, j’arrivais plus ou moins à survivre… De mal en pis, mais ça pourrait tenir.

Mais j’angoissais toujours, je n’arrivais pas à m’insérer dans le système, dans la société réelle, et je n’en avais aucune envie. Or le monde, quand il écarte les indécis et les marginaux, c’est pour les pousser dans le désert, le vide. Il n’y a pas de ressources en dehors de l’usine, seulement les différents échelons de pauvreté ou de misère.
Ce que j’ai compris récemment, c’est que je confondais travailler dans l’usine et essayer d’y avoir une place honorable. Ma référence de l’honorable mélangeait le modèle familial (milieu aisé, sans lien avec l’élite contemporaine) et mes propres projections mégalos sur le sentiment de réussite. Sauf qu’en fait… Je suis sans ambition. Le défaut de mes rêveries, c’est de me faire oublier cela aussi.
Certes oui puisque néanmoins, j’ai des plaisirs qui ont leur coût. La survie a son coût, de toute façon. C’est dommage que la civilisation ne soit pas moralement capable de dépasser ce stade d’animalité, mais c’est un autre débat.

J’ai des désirs, mais ils sont petits ; je n’ai pas besoin d’arriver, ni d’être grand et beau. Vaquette justement… Citons donc un des piliers de mon surmoi. Qui n’est pas n’importe quel comptoir.
« Le bonheur, c'est de tendre vers un but, et plus ce but est difficile d'accès, plus le bonheur est grand. Le désespoir naît, essentiellement, de la dichotomie entre une ambition, une prétention, et la réalité, ou plus exactement, une perception, cruelle, de cette réalité. L'un des traits marquants de la nature humaine est de toujours désirer ce qu'elle n'a pas. Aussi, un but inaccessible est-il, potentiellement, une source éternelle de bonheur ».
On a le choix entre s’élever vers le but, ou abaisser le but à son niveau. J’ai toujours cru, toujours voulu croire que c’était la première option qui m’apporterait quelque chose. Qui songerait à remettre en cause la noblesse de cette maxime ? Pas ceux qui ne se l'appliquent pas ! Et moi, moi, me dire et me croire concerné ne pouvait que me grandir… Non ?

Non. Cet letmotiv résume sans doute certaines belles (et bonnes ?) natures, mais pas la mienne. Et autant me tromper sur mon cas a rendu la dichotomie entre perception cruelle de la réalité et rêve immense, épuisante, paralysante.
Mon désir de ce que je n’ai pas n’est pas un moteur puissant. Je n’ai pas un métabolisme bourré d’adrénaline et de testostérone, la compétition m’est étrangère comme à d’autres la Foi ou la mélancolie. J’abaisse mes buts à mon niveau. Et immédiatement, écrire une lettre de motivation, organiser une soirée, décider comment vivre sans le soutien de mon père, écrire autre chose que mon nombril… Tout est accessible, tout a perdu son potentiel vertigineux. Le ciel ne menace plus de m'écraser, de m'envertiger. Je peux encore aller vers l'obstacle : il perdra toute nature olympienne, grand ou petit, il sera Siesta-mesurable.
Je peux avancer, les yeux sur mon chemin, mon imagination ne sera plus une boussole folle, mais la chanson qui rythmera mes pas. Aussi légère, superficielle ou dissonante soit-elle.