jeudi 28 mai 2009

Geek Mag

Premier numéro.

Ce n'est pas tout à fait Chronicart sans la pédanterie. C'est plutôt ce que Chronicart fait semblant d'être. C'est pas du post-moderne, le moderne est déjà bien assez. Et c'est ce vers quoi Park aurait du tendre. Le désir consommateur émulé par une culture de la consommation. C'est donc pas mal.

Un peu laborieux, comme tous les premiers numéros de publication, mais consistant. Complet, comme beaucoup de premier numéro. Et un peu trop gentil, comme beaucoup de premier numéro. Une remarque formelle : la police (Arial, ou un dérivé) rend la lecture ardue. Arial, sur papier, c'est la police neutre d'un mode d'emploi, et la police d'explications techniques sur le web. C'est ce que j'utilise ici, une police faite pour l'écran, et une police par défaut. Ca convient au sujet, mais c'est désagréable sur papier.

Du point de vue du contenu, Geek Ep 01 Se 01 (sic) se veut sans doute une déclaration d'intention. Harry Potter, Matrix, Philip K. Dick, Capcom, Wii et Dragon Ball : on ratisse large, à raison. Un geek se définirait donc comme l'usager et consommateur d'un imaginaire savant. Depuis le commodore 64, on en a fait du chemin... Le geek n'est plus un nerd. Le côté uncool de la police d'ecriture est ce qui reste de cette époque antérieure.
C'est là où c'est pas gagné. Alors qu'objectivement, la niche Geek est pertinente, qu'il y a pas plus simple à cerner comme public et comme consommation, ceux qui les peuplent tiennent beaucoup à leur demi-seconde d'avance intellectuelle sur le grand public. Avance que la culture geek ne caractérise plus depuis, mettons, Harry Potter.

La revue n'a pas de problème d'identité. Elle a choisit la définition du geek "par défaut". Pas de problème de fond, par conséquent : il y a à dire, commenter. Elle a un problème de forme et d'originalité. D'humour, plus précisément.
Tout le monde pratique le vaste domaine du second degré, de la distance : entre l'humour claquant internaute et Les Nuls (on est passé du second degré par Les Nuls au second degré pour les nuls), on est encore en domaine connu.
Hors la sympathique BD de fin - qui a sa place sans encore bien l'occuper -Geek Mag choisit de ne pas être particulièrement drôle. Sans doute pour laisser au lecteur sa précieeeeuse seconde d'avance, pas jouer au plus fin avec lui, parce que nous on blogue alors hein, on va pas se laisser impressionner, ha-ha ! Sur une partie des articles, ça semble pertinent. Et parce que l'abus du clin d'oeil "référence", comme je viens d'en faire, aboutirait à une connivence trop redondante.

Geek choisit les options "minimalistes" de son projet. A mon h... heu... Le ton qu'ils devraient adopter pour ajouter de la pêche, c'est le "faux naïf bien renseigné", plus précisément "l'innocent madré". Ca permet d'exprimer l'enthousiasme régressif en touchant juste.

J'espère qu'ils vont continuer, c'est pas mal de pouvoir suivre ses petites marottes sans se tapper les ricanements de premiers de la classe qui se dégorgent des revues pop.

lundi 25 mai 2009

Moi aussi je sais faire de l'italique

Tu sais quoi ?
J'ai connu Coupat.
Lui-même.

En fait, non, je l'ai juste croisé, dans une assemblée sauvage et prolongée, à Jussieu. Des chômeurs dont la revendication n'était pas de travailler, mais de vivre.
C'était déjà un post-situationniste. Pas con et aimant les écrits tendant à l'emphase, donc.

Ce qui me frappe, dans son histoire, c'est qu'au fond, on l'accuse d'avoir écrit un livre anarchiste. Aucune preuve ne le relie à l'attentat. Il passait par là. "wo, toi, je te reconnais, t'as un sale communisss, allez, embarqué".

C'est le livre et ses idées qui sont en cause. Au départ, Coupat, l'Etat s'en fout.
Le livre, je l'ai acheté, ça fait plus chic qu'un t-shirt du Che, et puis je suis un super-bobo-intello-précaire, le coeur de cible en personne.
Toute l'affaire consiste à mettre une pensée au pilori. Pas parce qu'elle est ennemie de l'autorité : il y a depuis longtemps dans l'arsenal judiciaire et policier de quoi enfermer tout ce qui ne se contente pas de voter contestataire. L'intérêt de l'état, c'est de se servir du bouquin comme incarnation de l'ennemi ("Anarcho-autonome", "ultra-gauche"). Désigner l'ennemi, le nommer, c'est le décrédibiliser. On fait entrer ce mouvement dans le cirque médiatique, et il est sensé perdre sa capacité à vivre sans celui-ci : "alors, dites-moi, Robin des Bois, quel est votre avis sur la politique du Sherif ?".
L'interview que j'ai linkée ne joue pas le jeu. Pas ce jeu. Coupat, tu le connais pas. Tarnac, vas-y toi-même. L'ultragauche ? documente-toi. Le bouquin ? Je l'ai pas signé, lis-le.
Cette logique qui sort du cadre est à suivre.