lundi 14 septembre 2015

Géo Trouvepatou

Je viens de mettre le doigt sur une sensation.
Une partie de ma vie physique et psychique.
C'est pas un scoop, mais c'est maintenant une sensation que je peux distinguer...

Je me sens sur le point de me perdre, tout le temps. 

Je sais d'où j'arrive, et à peu près où quelque chose peut me mener, mais je passe un tiers de mon temps à m'orienter.
Parfois littéralement, c'est à dire, m'assurer en permanence que je suis toujours sur le bon itinéraire, même quand j'ai déjà fait quarante fois le chemin. La plupart du temps, la désorientation est plus abstraite, entre deux étapes de pensée. Ce n'est pas que je n'atteindrai pas l'étape d'après, mais seulement que, même en ayant déjà fait mille fois la même chose, ou des choses plus complexes, je vais à un moment ou l'autre lâcher le fil  - ou même la grosse corde que tout le monde peut suivre les yeux fermés - assez pour qu'il me coûte de le retrouver ; ça demande autant d'énergie que lorsqu'il s'agit de tracer son chemin lors des premiers passages. Autant de temps à faire attention à pas tomber, même quand il n'y a pas de nouvel obstacle. Toujours devoir rassembler mes idées, même quand je suis censé pouvoir les compter sur les doigts d'une seule main.

Il y a un autre tiers de mon temps que peux prendre à rester perdu. Déjà parce que dans un sens, me sentir perdu, c'est l'être moins. Je ralentis, je m'assieds, je laisse le temps passer et ma cervelle faire quelques tours sur elle-même, je plane, ça devient alors volontaire, je retrouverai le chemin quand je veux, si je veux. Je tenterai de m'excuser ou de me faire comprendre, de communiquer plus correctement, mais pas maintenant, juste encore un peu plus de temps pour retrouver le bon sens : en attendant, je respire.
Bien rude de suivre d'autres gens, et encore pire tout un groupe, quand il faut vivre tout cela pour arriver au même endroit qu'eux.

Quand par hasard, je vois dans les yeux de quelqu'un cette désorientation, cette panique quand le paysage familier mental ou affectif s'est dérobé, j'en chiale parfois d'empathie. Ce qui me déchire, ce qui ressemble à ma propre faille, c'est pas seulement pas tellement leur peur, mais tout cet effort maladroit, personnel, inhabituel qu'ils font pour repartir, rattraper les autres.